Chanelle BelliveauChamp de rêves

Farm-to-Table NB

Farm-to-Table NB rapproche les consommateurs et les agriculteurs grâce à des soupers on ne peut plus locaux

Chanelle Belliveau a encore la chair de poule lorsqu’elle regarde une vidéo du premier souper de la ferme à l’assiette qu’elle a organisé. La vidéo panoramique saisit les images et les sons d’une soirée automnale de rêve à la Ferme Marcel Goguen, un verger de pommiers à Cocagne, au Nouveau-Brunswick.

« On peut entendre les oiseaux, le vent et les gens qui discutent les uns avec les autres », dit Chanelle, depuis sa maison à Moncton. « Il était merveilleux de voir les gens se rassembler pour partager notre amour pour les aliments locaux, tout en faisant quelque chose qui célébrait et valorisait les agriculteurs locaux. »

Au cours des cinq années qui ont suivi le lancement réussi de Farm-to-Table NB en septembre 2020, Chanelle, la fondatrice, a orchestré une soixantaine de soupers du même type dans des fermes du Nouveau-Brunswick, dont Ocean Breeze, une ferme de lavande à Bouctouche, et Belding Hill Farms à Hampton. Elle a également organisé des soupers communautaires saisonniers. Son entreprise propose des cours de cuisine et des ateliers axés sur la vie simple, qui mettent tous l’accent sur les produits locaux.

Lorsqu’elle conçoit ses expériences culinaires de la ferme à l’assiette, la passion de Chanelle pour les produits locaux et de saison va bien au-delà du menu. Elle l’insuffle dans chaque aspect de l’événement, des fleurs et feuillages fraîchement ramassés qui ornent la table aux mélodies qui capturent l’essence de la période de l’année.

Peut-on faire plus local?

« J’essaie de dresser la table près de l’endroit où sont cultivés les aliments afin que les gens puissent voir d’où vient leur repas. » 

Passionnée depuis toujours par la cuisine et le jardinage, Chanelle a fondé Farm-to-Table après avoir terminé ses études en nutrition holistique et culinaire et à la suite d’une formation pratique dans une ferme maraîchère biologique près de Bouctouche, une expérience qui a marqué un tournant dans son parcours.

« C’était la première fois que je travaillais vraiment dans une ferme et cela m’a ouvert les yeux, dit-elle. On prend conscience de tout le travail, du temps et de la passion qui y sont consacrés. L’expérience pratique vous permet d’apprécier bien plus encore la nourriture et le travail de l’agriculteur. »

En grandissant à Cap-Pelé, la famille de Chanelle avait un jardin dans l’arrière-cour où étaient cultivés des aliments de base comme des carottes ou des concombres. En travaillant à la ferme, elle a été fascinée de découvrir comment poussaient des légumes moins connus, comme le céleri-rave, le chou-rave et le chou frisé.

À l’époque, elle donnait également des cours de cuisine dans une banque alimentaire de Moncton, où elle a rencontré de nombreux enfants, et même quelques adultes, qui ne savaient pas vraiment d’où venait la nourriture en dehors de l’épicerie.

C’était, pour Chanelle, l’occasion de rapprocher les agriculteurs, les producteurs alimentaires et les consommateurs.

« J’ai pensé qu’il serait très amusant d’imaginer un concept permettant à la communauté de découvrir la ferme, sans pour autant alourdir la charge de travail des agriculteurs, qui sont déjà bien occupés », dit-elle.

Au départ, son idée était d’organiser des cours de cuisine sur place dans les fermes du Nouveau-Brunswick, mais la logistique s’est révélée très compliquée. Sans se décourager, elle a finalement eu l’idée d’organiser des repas à la ferme. 

« Les agriculteurs peuvent parler de leur travail, de leur parcours et de l’histoire de la ferme, et les gens peuvent voir où poussent les aliments », dit-elle. Forts de leurs nouvelles connaissances, ses invités peuvent alors savourer les aliments dans de délicieux menus comportant plusieurs plats qu’elle élabore en mettant à l’honneur les ingrédients de la ferme en question et d’autres produits locaux.

« C’est ainsi que tout a commencé. J’ai souhaité promouvoir encore davantage la consommation d’aliments locaux tout en soutenant les agriculteurs. »

Outre les ingrédients du Nouveau-Brunswick, elle intègre également la culture locale, notamment ses origines acadiennes, à travers des plats classiques tels que la poutine râpée et le fricot, un ragoût simple et délicieux composé de légumes-racines bouillis, de viande et de boulettes.

« J’aime pouvoir intégrer cette partie de ma culture et la transmettre », dit-elle.

Elle est toujours en quête de nouveaux ingrédients, tels que l’argousier ou le sébaste du Nouveau-Brunswick, qui seront à l’honneur lors d’un souper en septembre à la ferme Maven Hills Farm dans la Vallée de Memramcook, dans le cadre de son club de soupers mensuels du dimanche soir. Cet événement intime réunit une douzaine de personnes autour de la table pour partager un repas familial, élaboré à partir de fruits et légumes frais, de viande, de fromages et autres produits locaux.

« Ce qui compte le plus pour moi, c’est de mettre en valeur les aliments locaux et de rapprocher la communauté et les agriculteurs, dit-elle. Mais il existe aussi cette dimension magique de rapprochement humain que les gens recherchent de plus en plus, selon moi. »

Puisant son inspiration auprès des producteurs dont elle célèbre le travail et les aliments, cette « aspirante agricultrice » autoproclamée se prépare à franchir la prochaine grande étape de son entreprise et de sa vie.

« Mon but ultime est d’avoir mon propre terrain, avec un jardin et des animaux de ferme, afin d’y organiser des cours de cuisine et des repas directement sur place, avoue-t-elle. C’est le rêve que je souhaite réaliser. »